lundi 2 janvier 2017

« Les réseaux sociaux, un regard… »

Par Jérôme Déprés, chef de projet E-Education, Syndicat Mixte Somme Numérique.

            Qu’ils se nomment Facebook, Twitter, Tumblr. ou encore Linked in, qu’ils soient généralistes ou très spécialisés, les réseaux sociaux sont aujourd’hui une part importante des moyens de communication. Il semble donc inutile de rechercher à les ignorer ou encore d’uniquement les rejeter en bloc.
            Avec les évolutions technologiques, ils ont désormais des déclinaisons photos ou vidéos. Pourtant le principe n’est pas nouveau, bien  au contraire. Les premiers réseaux sont nés en même temps, quasiment, que LE réseau internet. Les réseaux « ancêtres » de moins de 30 ans pourtant se nommaient IRC (pour Internet Relay Chat), QuakeNet pour les plus connus.

            Si le principe de se mettre en réseau n’est pas nouveau, ce qui a changé en un peu plus d’une décennie, c’est le mode d’accès à ces réseaux : plus d’obligation d’être assis derrière un ordinateur, dans le prolongement de nos mains se tient cette foultitude d’objets appelés « smartphone » ou encore « tablettes »… Preuve en est avec l’image ci-dessous prise lors des deux dernières élections papales :
Résultat de recherche d'images pour "éléctions papales"Dès lors, comme avec toute création humaine, on revient toujours à la notion « d’usage » (dans le sens d’un ensemble de pratiques sociales). En effet, n’y a-t-il pas plus beau que d’utiliser un couteau pour partager, mais plus terrible que de l’utiliser pour … L’usage toujours !
            Pour les adolescents nés avec ces technologies, la question de l’usage pourtant ne se pose pas en ce sens : l’outil est là, on doit donc s’y inscrire et y participer au risque de ne pas exister aux yeux des autres ou de son « groupe » (camarades, amis, connaissances, famille…). Mais n’est-ce pas une démarche somme toute « normale » pour une personne en construction mentale et psychique dans une période où son image renvoyée est très importante? Renforcée par une société de communication et de publicité immédiate et exacerbée. 
Mais cela vaut aussi pour nos hommes politiques qui ont largement investi ces réseaux, réduisant parfois un discours politique à « 140 signes », ce qui constituerait une grande avancée… Sans rire !
Le point alarmant pour ma part, en s’appuyant sur l’exemple des hommes / femmes politiques, c’est de faire plusieurs confusions dans une période durant laquelle, l’adolescent normalement constitué, est en phase de construction intellectuelle. Je les vois de deux types :
1-      La confusion entre les notions « public » et « privé ». En effet, même dans un cercle restreint d’amis (au sens « ami » des réseaux sociaux), on ne fait que très peu attention aux informations involontaires que nous pouvons livrer, surtout via les applications qui se basent sur l’image ou la vidéo. On se met soi-même en scène (toujours l’image de soi), mais on oublie l’arrière-plan (qui parfois va vous « pourrir » aux yeux des autres !). Il est difficile d’appréhender ce qui est « livrable » ou non car les cercles d’amis ne sont pas concentriques mais exponentiels : l’ami de mon ami est-il mon ami ? Le sage ne voulait-il pas montrer les étoiles, alors que tous ces élèves regardaient le bout du doigt ? Les messages, par rebond, peuvent donc être facilement déformés, accentués et être en dehors de tout contrôle par des usages détournés (sans forcément parler de malveillance, mais sur l’échelle des attitudes, la bienveillance est la plus rare sur ces supports). On dit souvent que les enfants entre eux sont durs, les réseaux peuvent devenir une « autre cours d’école » de franche camaraderie comme d’harcèlement, malheureusement.
2-      La confusion entre les « temps courts » et « les temps longs ». La force de ces outils / réseaux sociaux, comme nous l’avons évoqué plus haut, c’est leur accès facile associé à la multiplicité des outils pour y accéder, partout et tout le temps donc. Ils nous permettent d’être informé (jusqu’à l’infobésité !), éclairé sur son « cercle » propre comme sur le « monde » ! Magnifique en soi, mais le tout sans filtre ni recul est un réel danger. Il a fallu inventer / importer le terme de « Fake » comme barrière, bien mince pour trier le vrai du faux, du confirmé au possible… La rumeur n’est pas nouvelle mais dans le contexte réseau social elle peut être réellement mortifère pour une personne (combien de personnages connus ont été déclarés  « mort » avant démenti…) mais également sur la perception des événements à l’échelle d’un groupe humain. Avec la multiplicité des accès, nous avons multiplicité de « contributeurs », CQFD, qui réagissent sur tout (le toutou à mamy comme sur le dernier attentat à Berlin…). Désormais, un commentaire en appelant un autre, l’information se retrouve souvent, au mieux tordue, au pire complètement dévoyée ! Or, les données, les informations ont souvent besoin de temps pour être mises en perspective (l’actualité c’est l’instant, l’Histoire c’est la durée !). On sur-réagit à un événement sans en estimer la portée ou l’importance réelle…

Ces deux confusions peuvent être, à terme, lourdes de conséquences à l’échelle de la société (« tu vas voter ?, Oui mais j’attends le dernier tweet de bidule pour me décider »), sans parler de certaines dévastations à l’échelle de la personne (sur l’image donnée / perçue comme sur la structuration de la pensée).
Les adolescents doivent être accompagnés pour apporter un minimum de méthode quant à leurs usages de ces outils. Pour ma part, cela doit faire partie de l’éducation aux médias, et une éducation aux médias non circonscrite à quelques heures par-ci par-là, mais bien une éducation aux médias transverse appliquée à l’histoire, à la science et sans oublier les langues.
           
 Article réalisé par Guila DEPRES, 1L

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