mardi 6 décembre 2016

Le monde littéraire face aux réseaux sociaux, plus précisément Facebook, le nouvel ami des écrivains selon Le Figaro

Beaucoup d'auteurs sont séduits par ce réseau social en ligne. Les écrivains sont touchés par le virus de Facebook, ce gigantesque forum sur Internet où n'importe qui peut entrer en relation avec des gens du monde entier. Il suffit pour cela de s'inscrire, en créant son espace personnel, une sorte de page où l'on peut raconter tout ce qu'on veut, absolument tout et n'importe quoi. 
Quelques écrivains résistent à ce bavardage généralisé, cet « universel reportage » dont Mallarmé n'avait pas imaginé les dimensions qu'il prendrait un jour. Selon Éric Faye, «un écrivain se dévalorise, se démonétise petit à petit, en s'exprimant trop en dehors de ses livres ». Pour François Taillandier, « cela risque, comme les blogs, de substituer à l'écriture qui tente de faire œuvre, une écriture de l'immédiat, du facile, du vite dit». Jean-Marc Parisis ne veut appartenir à aucun réseau social. Il s'en explique : « La distance, la solitude sont essentielles à l'écrivain. Pour bien écrire, il faut écrire caché, c'est une façon de se respecter, mais aussi de respecter le lecteur. Si vous êtes accessible, sollicité, parasité, c'est foutu, vous ne donnez pas le meilleur au lecteur dans l'écriture. Ce que j'ai à dire au lecteur, je l'écris.» 


Beaucoup d'écrivains passent en effet par Facebook pour dialoguer avec leurs lecteurs. Philippe Jaenada ouvre sa page dix minutes par jour, afin de lire les mots doux qu'on lui envoie. Il répond à l'un ou l'autre, gentiment, rapidement, poliment. Cela lui fait plaisir de lire quelques phrases élogieuses sur ses romans. Les auteurs sont humains, ils ont un peu de vanité, besoin de se rassurer, reconnaît-il. Facebook, un pêché mignon ? Éric Reinhardt va plus loin, il aime correspondre avec certains de ses lecteurs. Mais par le biais de messages, et non pas en direct, au vu et au su de tous, comme cela se passe souvent sur ce site. Il a déjà pensé à fermer son accès à Facebook : « Mais je me suis dit que par ce biais il pouvait encore m'arriver des choses, et c'est important pour un écrivain qu'il puisse arriver des choses. Cette idée-là en tout cas est importante, qui induit une attention particulière à ce qui se passe autour de soi.»



Idem pour Serge Joncour, qui se définit comme un solitaire, déteste le brouhaha, se méfie du téléphone, qu'il trouve intrusif. Il aime la forme de sociabilité qu'autorise Facebook, une façon de faire connaissance par l'intermédiaire de l'écrit, de dire des choses intimes en gardant ses distances. Pour lui, « c'est une boîte aux lettres géante ». C'est aussi une constellation de petites fenêtres : on se met à la sienne, pour regarder ce qui se passe chez les autres. « J'aime bien observer le voisin, derrière mon volet. C'est comme dans le village où j'ai grandi, poursuit Joncour. Quand on passe devant une maison, si les bêtes ne sont pas sorties, si le linge n'est pas étendu, on devine que quelque chose est arrivé, on demande des nouvelles. » Aller voir la page de quelqu'un avant de lui envoyer un mot permet d'éviter des indélicatesses. « Alors qu'avec le téléphone, il y a toujours un risque, celui d'appeler une personne au moment où elle se trouve chez son cancérologue. »



D'autres auteurs ornent leur page, au jour le jour, d'aphorismes de leur cru, le plus souvent dépourvus d'intérêt. Plus amusante, l'idée qu'ont eue certains lecteurs de créer une page pour le personnage d'un roman. C'est arrivé à Pénélope Breuil, l'héroïne de deux romans d'Adrien Goetz. Même chose pour Angèle Rouvatier, le personnage principal de Boomerang, de Tatiana de Rosnay. Les deux jeunes héroïnes sont d'ailleurs « amies »… « Imaginez que tous les personnages des romans commencent à exister ensemble, à se parler, dans le monde virtuel. Ce sera une comédie humaine interactive, où les héros de roman réaliseront enfin le vieux fantasme d'échapper à leurs auteurs ! » s'amuse Adrien Goetz. Le virtuel, une zone frontalière entre l'imaginaire et la réalité ?



Parlez-moi de moi, il n'y a que ça qui m'intéresse, semble dire la «blogo¬sphère», la communauté des auteurs de blogs et des réseaux sociaux tels que Facebook. Mais comment passer d'une sorte de bavardage stérile à une véritable stratégie qui consiste à valoriser les livres, voire à en vendre davantage ? «L'idée est d'inciter les internautes à parler du roman, le Web ne fait pas forcément vendre plus, mais c'est un accélérateur de visibilité. On est passé de l'ère du consommateur à celui du “consommacteur”», affirme Denis Lefebvre, responsable des projets en médias numériques au sein du groupe Libella (Buchet-Chastel, Phébus…). Comme tous les professionnels de la promotion, il s'appuie sur un chiffre éloquent : selon un sondage réalisé à l'issue de la BookExpo America, qui s'est déroulée en juin dernier, 60 % des acheteurs de livres américains étaient des adeptes des réseaux sociaux….




Article réalisé par Guila DEPRES, 1L.

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